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2. (Voici) un Livre qu’On a fait descendre vers toi (en révélation). Qu’il n’y en ait donc, dans ton cœur, aucune gêne, mais qu’il (te serve) à avertir et qu’il soit un rappel (adressé) aux croyants.
3. Suivez ce qu’On a fait descendre vers vous de la part de votre Seigneur, et ne suivez point d’autres alliés en dehors de Lui. Il est rare que vous vous en souveniez.
4. Combien de cités avons-Nous anéanties ! Nos rigueurs les ont frappées de nuit ou au moment où ils faisaient la sieste.
5. Pour toute invocation, lorsqu’elles eurent à subir Nos rigueurs, elles dirent : « Il est vrai que nous étions injustes. »
6. Nous questionnerons certainement ceux vers qui des Messagers furent envoyés et Nous questionnerons aussi les Envoyés.
7. Nous leur raconterons, en pleine connaissance, (leurs œuvres) et Nous n’étions nullement absents.
8. Le poids, ce Jour-là, sera équitable. Alors, ceux dont les bonnes œuvres seront lourdes (à la balance) auront réussi.
9. Et ceux dont les bonnes œuvres seront légères (à la balance) auront perdu leurs âmes pour avoir été si injustes envers Nos Signes.
10. Nous vous avons établis en maîtres sur terre, et Nous y avons pourvu à votre subsistance. Mais il est rare que vous soyez reconnaissants.
11. Nous vous avons créés et vous avons donné forme. Puis Nous avons dit aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam ! » Et ils se prosternèrent, hormis Iblîs qui n’était point de ceux qui se prosternèrent.
12. Il (Allah) dit : « Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner alors que Je te l’ai ordonné ? » Il répondit : « Je suis meilleur que lui. Tu m’as créé de feu et lui, Tu l’as créé d’argile ! »
13. Il (Allah) dit alors : « Descends d’ici ! Tu n’as vraiment pas à te pavaner d’orgueil. Sors ! Tu es du nombre de ceux qui sont vils et bas ! »
14. Il dit : « Accorde-moi donc un délai jusqu’au jour où ils seront ressuscités. »
15. « Tu es de ceux à qui délai est donné », dit (Allah).
16. – « Comme Tu as décidé de me perdre, je resterai à les guetter, assis sur Ta voie droite.
17. Puis je viendrai à eux par-devant et par-derrière, par leur droite et par leur gauche, et Tu n’en trouveras que peu qui Te seront reconnaissants. »
18. Il (Allah) dit : « Sors d’ici, marqué d’opprobre et d’infamie ! Quiconque d’entre eux te suivra se trouvera dans la Géhenne que J’emplirai de vous tous!
19. Et toi, Adam, habite, toi et ton épouse, le Paradis. Mangez de ce qui vous plaira et ne vous approchez point de cet arbre, ou alors vous seriez du nombre des injustes ! »
20. Alors, pour leur montrer leurs nudités qui leur étaient cachées, Satan leur susurra : « Votre Seigneur ne vous a défendu cet arbre que pour vous empêcher d’être deux Anges ou de devenir éternels ! »
21. Et il leur jura : « Je suis pour vous, assurément, le meilleur des conseillers ! »
22. Il les fit choir par ruse. Et quand ils eurent goûté (aux fruits) de l’arbre, leur nudité à tous deux leur apparut. Ils se précipitèrent alors pour la couvrir en y attachant des feuilles du Paradis. Leur Seigneur les appela : « Ne vous ai-Je pas défendu à tous deux cet arbre ? Ne vous ai-Je point dit que Satan est pour vous un ennemi déclaré ? »
23. « Ô Seigneur ! répondirent-ils, nous nous sommes lésés nous-mêmes, et si Tu ne nous pardonnes pas et refuses de nous accorder Ta miséricorde, nous serons certainement du nombre des perdants. »
24. « Descendez ! dit (Allah), vous serez ennemis les uns des autres ; et vous aurez sur terre séjour et jouissance, jusqu’à la fin d’une échéance.
25. Vous y vivrez et vous y mourrez, et vous en serez sortis un Jour. »
26. Ô fils d’Adam ! Nous avons fait descendre vers vous des vêtements qui cacheront vos nudités, et des parures. Mais le vêtement de la piété est bien meilleur. Voilà l’un des Signes d’Allah, peut-être se souviendront-ils.
27. Ô fils d’Adam ! Que Satan ne vous séduise point, comme il a fait expulser du Paradis vos tout premiers parents, en leur ôtant leurs vêtements pour leur montrer leurs nudités. Il vous voit, lui et sa compagnie, de là où vous ne les voyez point. Nous avons fait des démons les alliés de ceux qui ne croient pas.
28. Lorsqu’ils commettent une turpitude, ils disent : « C’est ainsi que faisaient nos ancêtres, et Allah nous l’a ordonné. » Dis : « Allah n’ordonne jamais (de succomber à) la turpitude. Raconterez-vous donc sur le compte d’Allah ce que vous ne savez point ? »
29. Dis : « Allah a ordonné la justice. Tournez donc vos faces entièrement vers Lui à chaque prosternation. Invoquez-Le, en Lui vouant un culte sincère. Tout comme Il vous a créés en premier lieu, à Lui, certainement, vous retournerez. »
30. Il a bien guidé certains, et d’autres ont mérité l’égarement. C’est qu’ils ont pris, en dehors d’Allah, les démons pour alliés, et pensent tout de même qu’ils sont bien guidés.
31. Ô fils d’Adam ! Portez vos (plus) beaux vêtements dans chaque mosquée. Mangez et buvez, mais ne soyez pas excessifs, car Allah n’aime pas ceux qui sont excessifs.
32. Dis : « Qui donc a défendu les parures qu’Allah a mises à la disposition de Ses serviteurs, et les bonnes nourritures qu’Il leur a dispensées ? » Réponds : « Elles sont toutes destinées dans ce bas monde à ceux qui ont cru, et elles leur seront réservées au Jour de la Résurrection. » C’est ainsi que Nous détaillons clairement les versets à des gens qui savent.
33. Dis : « Mon Seigneur n’a défendu que les turpitudes, qu’elles soient visibles ou cachées, ainsi que le péché, l’agression sans juste raison, que vous associiez à Allah ce dont il n’a révélé aucune preuve d’autorité et que vous racontiez au sujet d’Allah ce que vous ne savez pas. »
34. Pour chaque nation, il est un terme (fixé). Alors, quand vient leur terme, ils ne sauraient ni le retarder d’une heure, ni, non plus, l’avancer.
35. Ô fils d’Adam ! S’il vous vient des Messagers, élus parmi vous, pour vous raconter Mes Signes, ceux qui auront la piété et se seront amendés n’auront nulle crainte et n’auront aucune affliction.
36. Et ceux qui auront traité Nos Signes de mensonges et s’en seront détournés méprisants, ceux-là sont les gens voués au Feu, et là ils séjourneront pour l’éternité.
37. Qui donc est plus injuste que celui qui débite des mensonges sur le compte d’Allah ou qui dément Ses Signes ? À ceux-là parviendra leur part prescrite, jusqu’à ce que Nos Envoyés (parmi les Anges) viennent reprendre leurs âmes et leur disent : « Que sont ceux que vous invoquiez en dehors d’Allah devenus ? » Eux répondront : « Ils nous ont abandonnés ! » Et c’est ainsi qu’ils témoigneront eux-mêmes qu’ils étaient mécréants.
38. Il dira : « Entrez retrouver en Enfer les nations de djinns et d’humains qui vous ont précédés. » Chaque fois qu’une nation y sera entrée, elle maudira la précédente, jusqu’à ce que, toutes réunies, la dernière dise de la première : « Notre Seigneur ! Ceux-là nous ont égarés, double-leur donc le supplice du Feu. » Il dira : « Pour chacun il y aura le double, mais vous ne savez pas. »
39. Et la première génération dira à la dernière : « Vous n’avez aucun mérite sur nous. Goûtez donc le supplice pour ce que vous avez commis. »
40. Ceux qui ont traité Nos Signes de mensonges et qui s’en sont détournés, méprisants, ne verront pas s’ouvrir devant eux les portes du ciel, et ils n’entreront au Paradis que lorsque le chameau s’introduira dans le chas d’une aiguille. Et c’est ainsi que Nous rétribuons les criminels.
41. Ils auront la Géhenne pour literie et des nuages de ténèbres pour couverture. Et c’est ainsi que Nous rétribuons les injustes.
42. Et ceux qui ont cru et ont accompli les bonnes œuvres, (qu’ils sachent que) Nous ne chargeons une âme qu’à la mesure de ce qu’elle peut supporter, ceux-là sont les hôtes du Paradis où ils séjourneront pour l’éternité.
43. Nous arracherons toute rancune de leur cœur. Sous eux couleront les rivières, et ils diront : « Louange à Allah Qui nous a bien guidés vers cela. Et nous n’aurions jamais été si bien guidés si Allah ne nous avait pas guidés. Les Messagers de notre Seigneur sont venus avec la vérité. » Ils seront alors appelés : « Voici le Paradis dont vous héritez pour prix de ce que vous faisiez. »
44. Les hôtes du Paradis appelleront les hôtes du Feu : « Nous avons trouvé que la promesse de notre Seigneur était vraie. Et vous, avez-vous trouvé aussi que Sa promesse était vraie ? » Ils diront : « Oui. » Alors, un annonciateur leur annoncera : « Qu’Allah maudisse les injustes,
45. qui repoussent (les hommes) loin du chemin d’Allah, le souhaitent tortueux et ne croient pas en l’autre monde. »
46. Entre les deux, il y aura une muraille et, sur Al-A ̒râf, il y aura des hommes qui reconnaîtront chacun à ses traits particuliers. Et ils appelleront les hôtes du Paradis : « Paix sur vous ! » Ils n’y sont pas entrés, encore qu’ils en aient l’ardent désir.
47. Et quand ils auront les yeux tournés vers les hôtes du Feu, ils diront : « Ô Seigneur ! Ne nous mets pas avec les gens injustes. »
48. Les gens de Al-A ̒râf interpelleront des hommes qu’ils auront reconnus à leurs traits particuliers en disant : « Tout ce que vous aviez amassé ne vous aura servi à rien, pas plus que ne vous aura profité votre orgueil. »
49. Sont-ce là ceux dont vous disiez qu’ils ne recevraient aucune miséricorde de la part d’Allah ? Entrez au Paradis, il n’y aura nulle crainte pour vous et vous n’aurez aucune affliction !
50. Et les hôtes du Feu appelleront les hôtes du Paradis : « Versez sur nous un peu d’eau ou un peu de ce qu’Allah vous a dispensé. » Alors, ils répondront : « Allah les a défendus aux mécréants. »
51. Voilà ceux qui ont pris leur religion pour objet de divertissement et de jeu. Ils ont succombé à la tentation de ce bas monde. Aujourd’hui Nous les oublions comme ils ont oublié la rencontre de leur Jour-ci, eux qui reniaient obstinément Nos Signes.
52. Nous leur avons transmis un Livre que Nous avons détaillé avec science, afin qu’il soit un guide et une miséricorde à ceux qui ont cru.
53. N’attendent-ils que la réalisation de ses annonces ? Mais le jour où ses annonces seront réalisées, ceux qui l’oubliaient diront : « Les Messagers de notre Seigneur avaient effectivement apporté la vérité, aurons-nous donc des intercesseurs ? Intercéderont-ils en notre faveur ? Ou alors serons-nous ramenés (vers la terre) pour agir autrement que nous ne le faisions ? » Ils se seront perdus eux-mêmes, et seront abandonnés par ce qu’ils inventaient (comme fausses divinités).
54. Votre Seigneur est Allah Qui créa les cieux et la terre en six jours, puis S’établit avec une infinie Majesté sur le Trône (istawâ).[182]Il recouvre le jour par la nuit, et celle-ci poursuit (le jour) en permanence. Le soleil, la lune et les étoiles, (Il les créa) soumis à Son commandement. C’est de Lui Seul que procèdent la création et le commandement. Gloire soit rendue à Allah, Seigneur de l’Univers.
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[182] Comme le sens du mot « istawâ » est intraductible (nous employons ce néologisme au lieu de « intraduisible » qui pourrait avoir des connotations péjoratives), les gestes d’Allah étant indicibles et en tout point nonpareils, nous ajoutons au verbe « S’établit », faute de mieux, l’expression « avec une infinie Majesté ».
55. Invoquez votre Seigneur avec humilité et en secret, car Il n’aime pas les transgresseurs.
56. Ne semez pas la corruption sur terre après l’amélioration de son état. Invoquez-Le avec crainte et espérance, car la miséricorde d’Allah est proche des bienfaiteurs.
57. C’est Lui Qui envoie les vents comme heureuse annonce de Sa miséricorde. Lorsqu’ils portent des nuages lourds, Nous les dirigeons vers une terre déjà morte et en faisons descendre l’eau par laquelle Nous faisons sortir toutes sortes de fruits. C’est ainsi que Nous ferons sortir les morts (des tombes), peut-être vous souviendrez-vous.
58. La bonne terre voit pousser sa végétation par la grâce du Seigneur. Quant à celle de la mauvaise terre, elle ne sort que péniblement, maigre et précaire. C’est ainsi que Nous varions Nos Signes aux gens reconnaissants.
59. Nous envoyâmes Noé à son peuple. « Ô peuple mien, dit-il, adorez Allah, car vous n’avez d’autre divinité que Lui, et je crains pour vous le supplice d’un très grand Jour. »
60. L’assemblée des notables de son peuple dirent alors : « Nous te voyons dans un égarement flagrant. »
61. « Je ne suis point dans l’égarement, répondit-il, mais je suis un Messager du Seigneur de l’Univers.
62. Je vous transmets les messages de mon Seigneur, je vous donne les meilleurs conseils et je sais d’Allah ce que vous ne savez pas.
63. Vous étonnez-vous donc qu’il vous soit parvenu un rappel de votre Seigneur, par le biais d’un homme d’entre vous, afin qu’il vous avertisse, que vous ayez la piété et que vous receviez la grâce ? »
64. Ils le traitèrent d’imposteur. Mais Nous le sauvâmes avec ses compagnons sur l’Arche et nous noyâmes ceux qui avaient démenti Nos Signes. C’était en vérité un peuple aveugle.
65. Aux ‘Ad, (Nous avons envoyé) leur frère Hûd qui leur dit : « Ô peuple mien! Adorez Allah, car vous n’avez d’autre divinité que Lui. Ne Le craignez-vous donc pas ? »
66. L’assemblé des notables qui mécroyaient dirent alors : « Nous te voyons (patauger) en pleine débilité, et nous pensons que tu es un imposteur. »
67. « Ô peuple mien, dit-il alors, je ne souffre d’aucune débilité, je suis seulement un Messager du Seigneur de l’Univers.
68. Je vous transmets les messages de mon Seigneur, et je suis pour vous un conseiller loyal.
69. Vous étonnez-vous donc qu’il vous soit parvenu un rappel de votre Seigneur, par le biais d’un homme d’entre vous, afin qu’il vous avertisse ? Souvenez-vous qu’Allah a fait de vous les successeurs du peuple de Noé et qu’Il a ajouté à la hauteur de votre stature. Souvenez-vous donc des faveurs d’Allah, peut-être réussirez-vous. »
70. Ils dirent : « Es-tu venu nous persuader d’adorer Allah Seul et d’abandonner ce qu’adoraient nos pères ? Fais donc arriver ce dont tu nous menaces si (dans tes paroles) tu es véridique ? »
71. Il dit : « (Ayez la certitude que) le supplice et la colère de votre Seigneur s’abattront sur vous. Disputerez-vous avec moi de ces (divinités) que vous et vos pères avez nommées et qu’Allah n’avait appuyées d’aucune preuve d’autorité ? Attendez donc, je suis avec vous parmi ceux qui attendent. »
72. Nous le sauvâmes, avec ceux qui l’accompagnaient, par Notre grâce. Et Nous fîmes périr jusqu’au dernier ceux qui traitaient Nos Signes de mensonges, eux qui n’étaient pas croyants.
73. Et aux Thamûd, (Nous avons envoyé) leur frère Çâlih, qui leur dit : « Ô peuple mien ! Adorez Allah, car vous n’avez d’autre divinité que Lui. Une preuve évidente vous est venue de votre Seigneur : cette chamelle d’Allah est un Signe pour vous. Laissez-la paître sur la terre d’Allah et ne lui faites aucun mal, ou alors vous prendra un douloureux supplice.
74. Et souvenez-vous (dit encore Çâlih) quand Il fit de vous des successeurs après les ‘Ad et vous établit, puissants, sur terre. Dans ses plaines, vous bâtissiez des châteaux et dans ses montagnes, vous sculptiez des maisons. Souvenez-vous donc des faveurs d’Allah et ne répandez point, en semeurs de trouble, la corruption sur terre. »
75. L’assemblée des notables de son peuple, fiers et hautains, dirent à ceux qui, parmi les plus faibles, avaient la foi : « Savez-vous, vous autres, que Çâlih est envoyé de la part de son Seigneur ? » Ils répondirent : « Nous croyons à son message ! »
76. Du haut de leur orgueil, (les notables) répliquèrent : « Nous autres, ne croyons nullement en quoi vous avez cru ! »
77. Puis ils tuèrent la chamelle, enfreignant ainsi le commandement de leur Seigneur, et dirent : « Ô Çâlih ! Fais donc qu’il nous arrive ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des Envoyés ! »
78. Un grand ébranlement les surprit alors et, au matin, ils gisaient inertes dans leurs maisons.
79. Il se détourna d’eux en disant : « Ô peuple mien ! Je vous ai pourtant transmis le message de mon Seigneur et vous ai été de bon conseil, mais vous n’aimez pas les bons conseillers. »
80. Et Loth, qui dit à son peuple : « Vous vous adonnez à un vice que nul autre aux mondes n’avait pratiqué avant vous !
81. Vous recherchez les plaisirs charnels avec les hommes plutôt qu’avec les femmes : vous êtes vraiment un peuple porté aux excès ! »
82. Ils n’eurent alors pour toute réponse que de dire : « Chassez-les de votre cité, ce sont des gens qui revendiquent la pureté.[183] »
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[183] Il s’agit là d’une antiphrase: les propos du peuple de Loth sont ironiques. Voir aussi le verset 56 de la sourate An-Naml (Les Fourmis).
83. Nous le sauvâmes avec sa famille, à l’exception de sa femme qui fut du nombre des anéantis.
84. Sur eux Nous fîmes tomber une pluie (de pierres d’argile). Vois donc quel fut le sort des criminels.
85. Et (Nous avons envoyé) au peuple des Madyan leur frère Chou ̒ayb, qui leur dit : « Ô peuple mien ! Adorez Allah, car vous n’avez d’autre divinité que Lui. Une preuve évidente vous est venue de votre Seigneur. Respectez donc la mesure et le poids et ne restituez pas aux gens moins que ce qui leur est dû. Ne répandez pas la corruption sur terre après l’amélioration de son état. Ce sera meilleur pour vous, si vous êtes croyants.
86. Et ne restez pas en travers de toute voie à menacer ou à repousser du chemin d’Allah celui qui croit en Lui, chemin que vous souhaitez tortueux. Souvenez-vous que vous étiez peu nombreux et qu’Il a multiplié votre nombre. Et voyez quel fut le sort des semeurs de trouble.
87. Si seule une partie d’entre vous a cru à la mission pour laquelle j’ai été envoyé, et qu’une autre partie n’y ait pas cru, prenez patience jusqu’à ce que le Jugement d’Allah vous départage, car c’est Lui le Meilleur des juges. »
88. L’assemblée des notables de son peuple, fiers et hautains, dirent : « Nous te chasserons de notre cité, toi et ceux qui ont cru avec toi, Chou ̒ayb, à moins que vous ne reveniez à notre religion. » Il dit alors : « Et cela même si nous l’avons en horreur ?
89. Nous inventerions alors des mensonges au sujet d’Allah si nous revenions à votre religion, après qu’Allah nous a sauvés. Et nous ne saurions y revenir sauf si Allah, notre Seigneur, le voulait. Notre Seigneur cerne tout de Sa vaste science. Nous nous en remettons à Allah. Seigneur ! Fais le départ[184] entre nous et notre peuple par la vérité. Car Tu es le Meilleur des arbitres. »
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[184] La locution « faire le départ entre deux points de vue » signifie « départager ».
90. L’assemblée des notables de son peuple, parmi ceux qui ont mécru, dirent : « Si vous suivez Chou ̒ayb, vous serez perdants. »
91. Un grand ébranlement les surprit alors et, au matin, ils gisaient inertes dans leurs maisons.
92. Ceux qui taxaient Chou ̒ayb de mensonge (périrent) comme s’ils n’avaient jamais habité (leur cité). Ceux qui traitaient Chou ̒ayb d’imposteur étaient donc eux les perdants.
93. Il s’éloigna d’eux en disant : « Ô peuple mien ! je vous ai pourtant transmis les messages de mon Seigneur et vous ai été de bon conseil. Comment pourrais-je m’affliger pour un peuple de mécréants ? »
94. Nous n’avons jamais envoyé un Prophète dans une cité sans que Nous n’ayons éprouvé ses habitants par les malheurs et l’adversité, peut-être nous imploreront-ils, humbles et suppliants.
95. Puis Nous avons substitué le faste au néfaste, et lorsqu’ils eurent prospéré ils dirent : « Aussi bien le malheur que le bonheur ont touché nos pères. » Alors, Nous les emportâmes subitement sans qu’ils ne s’en aperçoivent.
96. Si les habitants des cités avaient eu la foi et la piété, Nous aurions ouvert devant eux (les portes) de Nos bénédictions venues du ciel et de la terre. Mais ils ont démenti (la vérité) et Nous les avons emportés subitement pour ce qu’ils avaient commis.
97. Les habitants des cités avaient-ils donc la certitude que Nos rigueurs ne les surprendraient point la nuit, pendant leur sommeil ?
98. Les habitants des cités avaient-ils donc la certitude que Nos rigueurs ne les surprendraient point le jour, pendant leurs loisirs ?
99. Se sentaient-ils préservés de la Ruse d’Allah (makr’Allah) ? Seuls se sentent préservés de la Ruse d’Allah les gens perdus.
100. N’est-il pas clairement démontré à ceux qui héritent de la terre après ses anciens habitants que si Nous le voulions, Nous les punirions de leurs péchés et scellerions leurs cœurs, au point qu’ils n’entendraient plus ?
101. Ce sont là des cités dont nous te racontons des nouvelles. Leurs Messagers sont venus vers elles avec des preuves évidentes, mais elles ne pouvaient pas croire en ce qu’elles avaient démenti auparavant. C’est ainsi qu’Allah imprime le sceau (de l’impiété) sur le cœur des mécréants.
102. Nous n’avons trouvé chez la majorité d’entre eux aucune fidélité aux engagements. Nous les avons trouvés, pour la plupart, pervers.
103. Puis, après ceux-là (ces Messagers), Nous envoyâmes Moïse avec Nos prodiges à Pharaon et son assemblée de notables. Ils les renièrent injustement. Vois donc quel fut le sort des corrupteurs.
104. Moïse dit : « Ô Pharaon ! Je suis un Messager du Seigneur de l’Univers.
105. Je ne me dois de dire sur Allah rien d’autre que la pure vérité. Je vous apporte une preuve évidente de votre Seigneur. Envoie donc avec moi les Enfants d’Israël. »
106. « Si tu es vraiment venu avec un Signe miraculeux, dit Pharaon, produis-le donc, si tu dis vrai. »
107. Il jeta son bâton, que voilà transformé en véritable serpent.
108. Il retira (de sa tunique) sa main qui apparut d’une blancheur éclatante aux yeux de l’assistance.
109. L’assemblée des notables du peuple dirent alors : « C’est un magicien à la vaste connaissance !
110. Il veut vous faire partir de votre terre ! » « Que proposez-vous donc ? » (demanda Pharaon).
111. Ils répondirent : « Fais-le attendre avec son frère et dépêche dans les cités des hommes chargés de rassembler,
112. afin qu’ils te ramènent tout magicien à la vaste connaissance. »
113. Les magiciens vinrent alors à Pharaon et dirent : « Aurons-nous donc une récompense si nous sortons vainqueurs ? »
114. « Oui, dit Pharaon, et vous serez certainement parmi les privilégiés. »
115. (S’adressant cette fois à Moïse), ils dirent : «Ô Moïse ! Jetteras-tu (ton bâton) ou veux-tu que nous jetions d’abord (les nôtres) ? »
116. Il dit : « Jetez (les vôtres d’abord). » Ils jetèrent (leurs bâtons et leurs cordes) et éblouirent les gens qui furent saisis de terreur par leur grande magie.
117. Nous inspirâmes alors à Moïse : « Jette ton bâton ! » Et voilà que (le bâton) se mit à avaler ce qu’ils avaient inventé (comme illusions).
118. La vérité se révéla donc, et ce qu’ils firent fut réduit à néant.
119. Là ils furent vaincus et ils s’en allèrent tout humiliés.
120. Et les magiciens, se jetant à terre prosternés,
121. s’écrièrent : « Nous croyons au Seigneur de l’Univers,
122. au Seigneur de Moïse et d’Aaron. »
123. Pharaon dit alors : « Osez-vous y croire avant que je ne vous le permette ? C’est bien une ruse que celle-ci par laquelle vous voulez chasser de la cité ses habitants. Vous allez bientôt savoir !
124. Je vous ferai couper les mains et les jambes opposées puis vous ferai tous crucifier. »
125. Ils dirent : « C’est vers notre Seigneur que nous ferons retour.
126. Tu te venges de nous seulement parce que nous avons cru aux Signes de notre Seigneur quand ils nous sont venus. Seigneur ! Emplis-nous de patience et fais-nous mourir en parfaits Soumis. »
127. L’assemblée des notables du peuple de Pharaon dirent : « Vas-tu laisser Moïse et son peuple semer le désordre sur terre alors que lui t’a abandonné, toi et tes divinités ? » Il dit : « Nous exterminerons leurs hommes et épargnerons leurs femmes ; nous prendrons le dessus sur eux et serons dominateurs. »
128. Moïse dit à son peuple : « Demandez l’assistance d’Allah et prenez patience, car la terre appartient à Allah. Il en fait hériter qui Il veut de Ses serviteurs. Ce qui est à venir reviendra à ceux qui sont pieux. »
129. Ils dirent : « Nous avons été opprimés aussi bien avant qu’après ton arrivée. » Et Moïse dit : « Peut-être que votre Seigneur fera périr votre ennemi et vous donnera la terre en héritage, pour voir plus tard comment vous agirez. »
130. Nous éprouvâmes le peuple de Pharaon par une succession d’années maigres et une pénurie de fruits afin qu’ils se rappellent.
131. Quand les périodes fastes venaient, ils disaient : « Cela est dû à nous. » Et quand les surprenait un événement néfaste, ils en attribuaient la cause, par superstition, à Moïse et ceux qui étaient avec lui. Leur sort, en vérité, ne relève que d’Allah, mais la plupart d’entre eux ne savent pas.
132. Et ils dirent : « Quelque miracle que tu produises pour nous charmer nous ne croirons pas en toi. »
133. Nous leur envoyâmes les inondations, les sauterelles, les poux, les grenouilles et le sang en Signes distincts. Mais ils réagirent avec orgueil et se comportèrent en criminels.
134. Puis lorsque se fut abattu sur eux le châtiment, ils dirent : « Ô Moïse ! Invoque pour nous ton Seigneur de par l’engagement qu’Il t’a donné. Si tu nous évites le châtiment, nous croirons en toi et enverrons avec toi les Enfants d’Israël. »
135. Mais lorsque Nous eûmes éloigné d’eux le châtiment pour un délai fixé, ils revinrent sur leur engagement.
136. Alors, Nous Nous vengeâmes d’eux et les noyâmes dans les flots, parce qu’ils avaient renié Nos Signes et y étaient complètement indifférents.
137. Aux peuples qui étaient opprimés pour leur faiblesse, Nous attribuâmes l’héritage des régions d’est en ouest de la terre que Nous avions bénie. Ainsi s’accomplit la belle parole de ton Seigneur, promise aux Enfants d’Israël pour prix de leur patience. Nous démolîmes l’œuvre de Pharaon et de son peuple ainsi que ce qu’ils construisaient.
138. Et Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d’Israël. Passant devant un peuple qui adorait des idoles avec ferveur, ils dirent : «Ô Moïse ! Donne-nous une divinité comme les leurs. » Il répondit : « Vous êtes manifestement des gens ignorants !
139. Ceux-là rendent un culte voué à la destruction ; nul est ce qu’ils font, et sans valeur aucune. »
140. Et il dit encore : « Voudrais-je pour vous une divinité autre qu’Allah, quand Lui vous a favorisés par rapport à tous les peuples (de votre temps) ? »
141. (Souvenez-vous) quand Nous vous sauvâmes des gens de Pharaon, alors qu’ils vous faisaient subir les pires supplices. Ils massacraient vos fils et épargnaient vos filles, et c’était là, de la part de votre Seigneur, une épreuve des plus terribles.
142. Nous donnâmes à Moïse rendez-vous pour trente nuits puis Nous y ajoutâmes dix autres, établissant le temps de sa rencontre avec son Seigneur à quarante nuits. Moïse dit à son frère Aaron : « Sois mon remplaçant auprès de mon peuple, fais ce qui est bien et ne suis pas la voie des corrupteurs. »
143. Lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : « Seigneur ! Montre-Toi à moi que je Te voie ! » Il (Allah) dit alors : « Tu ne Me verras pas, mais regarde vers la montagne ; si elle demeure en place, alors tu Me verras. » Et lorsque son Seigneur Se manifesta au-dessus de la montagne, Il la réduisit en poussière. Moïse s’écroula foudroyé. Lorsqu’il revint à lui, il dit : « Gloire Te soit rendue ! Je reviens à Toi, repenti, et je suis le premier des croyants. »
144. Il (Allah) dit : « Ô Moïse ! Je t’ai élu et préféré à tous les hommes par Mes Messages et Ma Parole (que Je t’ai adressés sans intermédiaire). Prends donc ce que Je t’ai donné et sois parmi les reconnaissants. »
145. Nous écrivîmes pour lui sur les Tables un enseignement édifiant sur toute chose, et une explication détaillée de toute chose. « Prends-les donc avec fermeté et ordonne à ton peuple d’en observer le meilleur. Je vous montrerai bientôt le séjour des pervers.
146. J’éloignerai de Mes Signes ceux qui sont injustement hautains sur terre. Quand bien même ils verraient tous les Signes, ils n’y croiraient point, et quand bien même ils verraient le chemin de la droiture, ils n’en feraient point leur chemin. Mais s’ils aperçoivent le chemin de l’erreur, ils l’emprunteront comme chemin. Cela, parce qu’ils ont renié Nos Signes et qu’ils y sont (totalement) indifférents.
147. Ceux qui (se sont employés à) démentir Nos Signes et renier la rencontre de l’autre monde, vaines seront leurs œuvres. Auront-ils une autre récompense que celle qui sied à leurs œuvres ? »
148. Le peuple de Moïse, pendant son absence, prit (pour objet d’adoration) un veau (modelé à partir) de leurs ornements et qui produisait comme un mugissement. Ne voyaient-ils donc pas qu’il ne pouvait ni leur parler ni les guider vers aucune voie ? Ils le prirent (pour divinité) et furent vraiment injustes.
149. Et lorsque, pleins de regrets, ils eurent constaté leur égarement, ils dirent : « Si notre Seigneur ne nous fait pas miséricorde, nous serons certainement du nombre des perdants. »
150. Puis quand Moïse fut revenu auprès de son peuple, il dit, furieux et déçu : « Combien mauvaise fut votre conduite en mon absence ! Vouliez-vous donc hâter le commandement de votre Seigneur ? » Et il jeta (à terre) les Tables, prit son frère par la tête et le tira vers lui. « Fils de ma mère, dit Aaron, les gens m’ont trouvé bien faible et ont failli me tuer ; ne va donc pas faire le bonheur des ennemis (en me traitant ainsi) et ne me mets pas avec les gens injustes. »
151. Il (Moïse) dit : « Seigneur ! Pardonne-moi et à mon frère ! Accueille-nous en Ta miséricorde, car Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux ! »
152. Ceux qui prirent le Veau (pour idole) subiront de leur Seigneur un courroux et une humiliation en ce bas monde. C’est ainsi que Nous rétribuons ceux qui inventent les mensonges.[185]
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[185] Les mensonges qu’ils inventent sont, entre autres, les divinités illusoires qu’ils adoptent.
153. Et ceux qui ont commis de mauvaises œuvres, mais se sont, par la suite, repentis et ont cru, (qu’ils sachent que) ton Seigneur est Absoluteur et Tout Miséricordieux.
154. Lorsque le courroux de Moïse se fut calmé, il reprit les Tables dont le texte contenait une bonne direction (hudâ) et une miséricorde pour ceux qui redoutent leur Seigneur.
155. Moïse choisit parmi son peuple soixante-dix hommes pour Notre rendez-vous. Lorsqu’un violent séisme les eut emportés, (Moïse) dit : « Mon Seigneur ! Si Tu avais voulu, Tu les aurais fait périr avant, et moi avec eux. Nous feras-Tu périr pour ce qu’auront commis les stupides d’entre nous ? C’est bien là Ton épreuve par laquelle Tu égares qui Tu veux et Tu guides qui Tu veux ! Tu es notre Protecteur ; pardonne-nous et reçois-nous en Ta miséricorde, car Tu es le Meilleur de ceux qui pardonnent.
156. Écris-nous,[186] Seigneur, une heureuse part en ce bas monde comme dans l’autre ; nous revenons à Toi, bien guidés et pleins de repentir. » Il (Allah) dit alors : « Mon supplice, Je le ferai subir à qui Je veux, et Ma miséricorde embrasse l’étendue de toute chose. Je l’écrirai donc à ceux qui craignent (Allah), qui s’acquittent de la Zakât, et à ceux qui croient en Nos Signes.
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[186] Au sens de « destine-nous », « prédestine-nous ».
157. Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré dont il est fait mention dans les écrits de la Torah et de l’Évangile, qui leur prescrit le convenable et leur proscrit le condamnable, qui leur permet les choses bonnes et pures, et leur défend les choses mauvaises et impures ; qui les débarrasse du fardeau et du carcan qui les accablaient. Ceux qui auront cru en lui, l’auront appuyé et auront suivi la lumière descendue avec lui, ceux-là sont ceux qui auront atteint à la félicité. »
158. Dis : « Ô hommes ! Je suis le Messager d’Allah pour vous tous, (Envoyé par) Celui à Qui appartient la royauté des cieux et de la terre, point d’autre divinité que Lui ! Il fait vivre et fait mourir. Croyez donc en Allah et en Son Messager, le Prophète illettré qui croit en Allah et en Ses paroles ; et suivez-le, peut-être trouverez-vous le droit chemin. »
159. Et au sein du peuple de Moïse, il est une communauté qui guide par la vérité et qui, par elle, applique l’équité.
160. Nous les partageâmes en douze tribus et autant de communautés. Nous inspirâmes à Moïse à qui son peuple demanda de l’eau : « Frappe de ton bâton le rocher ! » et du rocher jaillirent douze sources. Chaque tribu sut ainsi où elle pouvait boire. Nous déployâmes alors sur eux l’ombre d’un nuage et leur envoyâmes la manne et les cailles : « Mangez des bonnes nourritures que Nous vous dispensons. » Ce n’est pas Nous qu’ils ont lésé, ils se sont lésés eux-mêmes.
161. Et lorsqu’il leur fut dit : « Habitez cette cité, mangez-y de ce qu’il vous plaira mais dites : "Rémission pour nos péchés !" Entrez-y par la porte prosternés, Nous vous pardonnerons alors vos fautes et Nous donnerons plus encore aux bienfaiteurs. »
162. Alors, ceux qui d’entre eux étaient injustes altérèrent ce qui leur avait été dit. Nous leur envoyâmes un châtiment du ciel pour l’injustice qu’ils avaient commise.
163. Questionne-les donc sur la cité qui se trouvait en bord de mer et dont les habitants transgressaient le Sabbat. Les poissons venaient affleurer à la surface de l’eau quand c’était jour de Sabbat, et ne venaient point quand ce n’était pas jour de Sabbat. C’est ainsi que Nous les éprouvions pour leurs actes pervers.
164. Et lorsqu’un groupe d’entre eux dit : « Qu’avez-vous à exhorter des gens qu’Allah va faire périr et qu’Il va soumettre à un terrible supplice ? » Ils dirent : « Pour n’en être point responsables devant notre Seigneur et dans l’espoir qu’ils deviendront pieux ! »
165. Et quand ils eurent oublié ce qui leur avait été rappelé,[187] Nous sauvâmes ceux qui proscrivaient le mal et Nous prîmes les injustes dans un supplice très dur pour prix de leurs actions perverses.
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[187] Quand les gens exhortés eurent oublié les exhortations.
166. Et comme ils tenaient, avec morgue, à ce qui leur avait été défendu, Nous leur dîmes : « Soyez des singes méprisables ! »
167. (Et souviens-toi aussi) lorsque ton Seigneur déclara qu’Il enverrait contre eux (des gens) qui, jusqu’au Jour de la Résurrection, leur feraient subir les pires supplices. Ton Seigneur est certes prompt en châtiment, mais Il est (aussi) Absoluteur et Tout Miséricordieux ;
168. Nous les partageâmes en (diverses) nations sur terre, lesquelles comptaient des gens de grande vertu et d’autres de vertu moindre. Et Nous les avons éprouvés par le malheur autant que par le bonheur, afin qu’ils reviennent (de leur égarement).
169. Il vint après eux des successeurs qui reçurent le Livre en héritage (la Torah). Ils lui préféraient volontiers les biens de ce bas monde et disaient : « Il nous sera pardonné. » Mais si on leur en offrait de semblables, ils les prenaient toujours. N’avait-on pas pris sur eux l’engagement du Livre, celui de ne dire sur le compte d’Allah que la vérité ? Ils en avaient pourtant étudié le contenu (du Livre). L’ultime séjour est certes meilleur pour ceux qui ont la piété. N’allez-vous donc pas comprendre ?
170. Et ceux qui s’en tiennent au Livre et qui observent la Çalât, (qu’ils sachent que) Nous ne laisserons point se perdre la récompense des gens de bien.
171. Et lorsque Nous suspendîmes au-dessus d’eux le Mont comme un gigantesque nuage, et qu’ils crurent qu’il allait tomber sur eux, (Nous leur dîmes) : « Prenez fermement ce que Nous vous avons donné (le Livre) et rappelez-vous ce qu’il contient, peut-être craindrez-vous (Allah). »
172. Et quand ton Seigneur prit des reins des fils d’Adam les descendants de toute leur lignée et les fit témoigner contre eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » « Si, répondirent-ils, et nous en témoignons ! » Alors, au Jour de la Résurrection, vous ne direz plus : « Nous n’y avons pas été attentifs. »
173. Ni ne direz : « Nos pères avaient déjà donné des associés (à Allah) et nous sommes leur postérité. Nous feras-Tu donc périr pour les actes des imposteurs ? »
174. C’est ainsi que Nous détaillons clairement les Signes, peut-être reviendront-ils (de leur égarement).
175. Récite-leur l’histoire de celui à qui Nous avions apporté Nos Signes et qui s’en sépara. Satan l’ayant attiré à sa suite, il rejoignit le nombre des dévoyés.
176. Si Nous avions voulu, Nous l’aurions élevé (par ces Signes), mais il a penché pour la terre et a suivi ses propres désirs, comme le chien qui, si tu fonces sur lui, halète, et si tu le laisses, halète. Tel est l’exemple des gens qui ont démenti renié Nos Signes. Alors, raconte-leur cette histoire, peut-être réfléchiront-ils.
177. Bien mauvais exemple est celui des gens qui ont traité Nos Signes de mensonges, alors qu’ils ne faisaient que se léser eux-mêmes.
178. Celui qu’Allah veut orienter vers la bonne direction, celui-là est bien dirigé, et ceux qu’Il entend égarer, ceux-là sont les perdants.
179. Nous avons destiné pour la Géhenne un grand nombre de djinns et d’humains. Ils ont des cœurs qui ne leur servent pas à comprendre, des yeux mais pour ne pas voir, et des oreilles mais pour ne pas entendre. Ceux-là sont comme les bêtes ou plus égarés encore ; ceux-là vivent plongés dans l’indifférence.
180. C’est à Allah qu’appartiennent les plus Beaux Noms. Servez-vous en pour L’invoquer, et laissez ceux qui en altèrent le sens. Ils recevront la rétribution de ce qu’ils faisaient.
181. Certains de ceux que Nous avons créés forment une communauté qui guide par la vérité et qui, par elle, respecte l’équité.
182. Et ceux qui renient Nos Signes, Nous les conduirons progressivement à leur perte par des voies qu’ils ne soupçonnent pas.
183. Je différerai l’échéance de leur sursis, car Mon stratagème est sûr.
184. N’ont-ils donc pas réfléchi ? Leur compagnon n’est atteint d’aucune folie ; il est plutôt chargé d’avertir d’une façon manifeste.
185. N’ont-ils donc pas considéré la royauté des cieux et de la terre, et toute chose qu’Allah a créée ? (Ne voient-ils donc pas) que leur terme peut être tout proche ? En quelle autre parole, après celle-là, vont-ils croire ?
186. Ceux qu’Allah entend égarer n’ont point de guide. Et Il les laisse patauger dans leur rébellion, aveugles et tâtonnants.
187. Ils t’interrogent sur l’Heure et le moment de sa venue. Dis : « Sa science est du ressort de mon Seigneur. Nul autre que Lui ne la manifestera au moment qui lui est prescrit. Elle pèsera lourd dans les cieux et sur terre[188] et n’arrivera à vous que subitement. Ils t’interrogent (à son propos) comme si tu en étais prévenu. Dis : « Seul Allah en a la science. » Mais la plupart des hommes ne le savent pas.
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[188] Elle sera un objet de grande inquiétude aussi bien pour les hommes que pour les Anges.
188. Dis encore : « Je ne possède pour moi-même ni le pouvoir de m’assurer un profit ni celui de me préserver d’un tort, si ce n’est ce que veut Allah. Et si je savais les secrets de l’Inconnaissable (ghayb), j’amasserais d’abondantes richesses, et aucun mal ne m’atteindrait. Je ne suis rien de moins qu’un (Prophète) venu avertir (de la voie malheureuse) et annoncer (l’heureuse issue) à des gens qui croient.
189. C’est Lui Qui vous créa d’un seul être, et Qui (de ce même être) tira son épouse afin qu’auprès d’elle, il trouvât le calme et le repos. Et quand il l’eut approchée, elle en conçut d’abord une grossesse légère (qui ne l’empêchait point de se mouvoir), puis quand elle se sentit plus lourde, tous les deux invoquèrent ainsi leur Seigneur : « Si Tu nous accordes un (enfant) sain, nous Te serons vraiment reconnaissants. »
190. (Pourtant), lorsqu’il leur eut accordé un (enfant) sain, ils Lui associèrent (des émules) pour ce qu’Il leur avait accordé. Mais Allah est au-dessus de ce qu’ils Lui associaient.
191. Lui attribuent-ils donc des associés qui ne créent rien et qui sont eux-mêmes créés ?
192. Et qui ne sauraient ni venir à leur secours ni se secourir eux-mêmes?
193. Les appelleriez-vous vers la bonne direction (hudâ), ils ne vous suivront pas. Pour vous, ce sera la même chose : que vous les appeliez ou que vous vous taisiez.
194. Ceux que vous implorez en dehors d’Allah sont des serviteurs comme vous. Implorez-les et qu’ils exaucent donc (vos prières), si vous êtes véridiques (dans vos paroles).
195. Ont-ils des pieds pour marcher ? Ont-ils des mains pour frapper ? Ont-ils des yeux pour voir ? Ont-ils des oreilles pour entendre ? Dis : « Appelez donc ces associés qui sont les vôtres, mobilisez contre moi toute votre ruse, et ne me laissez aucun répit.
196. Car mon Protecteur c’est Allah, Lui Qui a fait descendre (en révélation) le Livre, Lui Qui Se charge de protéger les vertueux.
197. Ceux que vous invoquez en dehors de Lui ne peuvent ni venir à votre secours, ni se secourir eux-mêmes. »
198. Et si tu les appelles vers la bonne direction (hudâ), ils ne t’entendent pas. Tu les vois qui te regardent sans vraiment rien voir.
199. Recherche la conciliation, ordonne le convenable et évite les ignorants.
200. Et si Satan te tente par quelque tentation,[189] trouve refuge auprès d’Allah, car Il Entend Tout et Il est Omniscient.
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[189] « Tenter par quelque tentation » est un emploi du verbe avec son complément interne (comme « vivre sa vie », « dormir son sommeil », « aller son chemin »). Nous y recourons ici pour mieux rendre la structure arabe dans le verset : ينزغنّك نزغ.
201. Aussitôt que les effleure la moindre tentation de Satan, ceux qui ont la piété se rappellent et les voici de nouveau lucides.
202. Tandis que leurs frères (ceux des démons) sont poussés vers l’erreur et ne peuvent plus se retenir.
203. Quand tu ne leur apportes pas de verset, ils disent : « Pourquoi n’en inventes-tu pas un ? » Dis : « Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé par mon Seigneur. » Voilà (les versets) qui sont des preuves éclatantes venues de votre Seigneur, une bonne direction (hudâ) et une miséricorde pour des gens qui ont la foi.
204. Et quand le Coran est récité, écoutez-le, et prêtez en silence une oreille attentive (à sa lecture), peut-être serez-vous touchés par la miséricorde.
205. Invoque ton Seigneur en ton for intérieur, avec humilité et crainte, à voix basse, matin et soir, et ne sois pas du nombre des distraits.
206. Ceux qui se trouvent auprès de ton Seigneur ne refusent pas, par orgueil, de L’adorer. Ils Lui rendent gloire et se prosternent devant Lui.[190]
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[190] Juste après ce verset, il est recommandé de se prosterner, soit pendant la lecture ordinaire du Coran, soit pendant sa récitation au cours de la Çalât. Il s’agit de la première sur un total de quatorze prosternations recommandées durant la lecture du Coran.